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Autour des fours, un point en mai 1999
Deux jours, c'est le temps qu'il a fallu pour refaire le toit du four de Montgelas. Pas vraiment le temps de goûter à la tranquillité du hameau ni à la superbe vue qui s'offre sur les sommets environnants (on y reviendra en balade). Mais deux jours partagés à dire autant de bêtises... que d'ardoises posées sur le nouveau toit. Puis il a fallu oublier la règle voulant que la fête du pain soit organisée autour du four restauré : l'accès au hameau est trop délicat pour l'affluence escomptée, le stationnement trop réduit et la place pour organiser la fête trop exiguë. Nous nous sommes donc installés au chef-lieu, d'autant plus que nous avions l'ambition d'attirer de nombreux acteurs de la fête. Nous voulions réunir des groupes ayant une activité semblable à la nôtre afin que chacun présente son expérience au public. Une sorte de festival du pain... Avec l'appui du Parc Régional du Massif des Bauges, nous lançons même un appel aux trente-deux parcs régionaux français ; trois répondent présent : Brière, Jura, Chartreuse (le Vercors et le Vexin se décommanderont au dernier moment). Les réponses aux articles parus dans la presse et les contacts personnels seront plus fructueux et la plupart des participants viendront d'un rayon de 100 km, soit de sept départements différents. Chacun a la charge d'animer un stand : faire goûter son pain et ses spécialités, voire réaliser des préparations devant le public, expliquer sa démarche de restauration et d'animation autour de son four.. Il serait trop long de citer tous les participants au nombre de dix-sept (dix-huit avec Curienne ... ) et la diversité des activités, mais la surprise est grande de voir la qualité du travail réalisé par tous ces gens animés d'une même passion.
Chacun peut ainsi se nourrir d'une multitude d'expériences pour faire évoluer sa propre démarche (pour notre compte, nous avions déjà rencontré quatre participants lors de la préparation de la fête et nous sommes allés chez trois autres depuis le 14 juin). Avec les exposants et artisans qui ont eux aussi animé la fête, nous avons comptabilisé quarante-trois stands. Nous en profiterons pour remercier les communes voisines (Puygros, Myans, Barby), le centre de pélerinages de Myans et la paroisse de Bassens qui nous ont si généreusement prêté du matériel qu'il est très difficile de "dénicher". Des participants à la fête (Villaroger, montailleur, Ugine) ont même apporté huit stands ! Il n'y a pas de trop de la centaine de bénévoles de Curienne... et d'ailleurs, pour organiser cette journée : monter et démonter les stands, préparer et cuire le pain (1240 boules sur 5 fours), les pizzas, la crème patissière puis les épognes... Muriel, notre intendante nourricière habituelle avait même préparé un coin repas pour tous les exposants (une centaine).
Dire que la pluie du matin a failli nous mettre dans le pétrin ! Mais elle n'a pas arrêté le pélerin déjà en route pour Curienne. Nous aurions mangé du pain rassis pendant un certain temps... Voilà nos cinq fours encore existants restaurés et notre objectif de "rembourser" l'argent avancé par la Mairie lui aussi atteint. Qu'allons nous faire et devenir ? Nous effectuerons quelques travaux supplémentaires qui n'étaient pas prévus à l'origine mais que les bénéfices de la fête rendent possibles: le remplacement du toit du four des Vachers, de celui du lavoir de Vernay et peut-être de la voûte du four de Fornet. Quant la fête du pain, elle n'a plus de raison d'être au regard de notre objectif financier. Il est certes dommage qu'elle disparaisse mais il faudrait d'autres objectifs ainsi qu'une nouvelle étape pour qu'elle puisse se maintenir. En tout état de cause, le bilan cette opération de restaur fours est presque outrageusement positif. Les bâtiments ont retrouvé leur jeunesse et ils sont régulièrement utilisés, ce qui est pour nous la plus grande satisfaction. Les activités annexes qui se sont greffées au fur et à mesure de ces cinq années de travail ont multiplié les plaisirs (culture de blé, moisson, battage, photos de Bernard Grange). Cela nous a même valu l'obtention d'un prix national en 1997 pour la conservation du patrimoine. Les circonstances nous ont donc été largement favorables et elles doivent nous ramener à moins de vanité... Pourtant il serait ennuyeux que l'élan ainsi créé n'ait pas de prolongement. Il y a bien des opérations à mener dans notre commune. Construire un local auquel peuvent avoir
accès tous ceux qui veulent faire du pain transformer les lavoirs pour leur donner un aspect plus accueillant et les mettre en eau ; nettoyer quelques chemins pour le plaisir des promeneurs ; dégager quelques points de vue (table d'orientation du St-Michel, les abords du anneau qui annonce la présence de la motte castrale du joueret) ; mettre en valeur le site de la Tour.. On peut tout envisager, la seule limite étant celle de notre volonté et de notre créativité.
Jean-Pierre Bulteau
Article paru dans le Croenerin de mai 1999
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